Contexte
Dans les forêts européennes, les régimes de perturbations évoluent également, avec une augmentation des incendies, des tempêtes et des épidémies d'insectes (Patacca et al. 2022). L'augmentation de la fréquence et de l'intensité des perturbations, notamment les feux, met en danger la résilience des forêts et leur aptitude à maintenir les fonctions écosystémiques (Lecina-Diaz et al. 2021). La diversité fonctionnelle des traits de régénération (tolérance au feu, résistance, capacité de rejets) influence plus fortement la récupération de la productivité après un incendie, les facteurs topographiques (pente, altitude, exposition) modifiant la récupération de la productivité via leur impact sur le microclimat (Spasojevic et al. 2016). La récupération des écosystèmes dépend donc en grande partie de la stratégie d’adaptation des espèces au feu (i.e. à un régime de feu donné ; Keeley et al. 2011) dans la mesure où le changement de régime de feu n’entraîne pas le dépassement de la capacité de tolérance ou de résistance des espèces (Pausas and Keeley 2014; Pausas 2015 ; FernándezGarcía et al. 2019). En effet, les espèces tolérantes au feu, se régénérant par graines après le feu (e.g. Pinus halepensis, P. canariensis) ou rejetant (e.g. chênes, eucalyptus) ne sont pas impactés par des évènements de forte intensité à partir du moment où l’intervalle entre les feux permet la maturation des peuplements (e.g. Arévalo et al 2014). Cependant, une fréquence accrue des incendies et donc une réduction de l’intervalle entre incendies est susceptible de réduire significativement la capacité de résilience des écosystèmes forestiers, avec des effets variables selon les stratégies fonctionnelles des espèces. Les forêts de chênes qui rejettent montrent une plus grande résilience initiale, mais une diminution plus marquée après un second feu comparé aux forêts de pins (Diaz Delgado et al 2002). Le régime actuel des incendies menace également la survie des espèces résistantes comme le pin noir dans le bassin méditerranéen, nécessitant des traitements de combustible à grande échelle (Fernandes et al. 2012). La récurrence élevée des incendies représente également une menace pour de nombreux services écosystémiques (SE). Si la grande majorité des services écosystémiques ont tendance à être négativement impactés par les incendies, la séquestration du carbone, la régulation des perturbations, la mitigation de l’érosion et la valeur esthétique des peuplements semblent particulièrement affectées par la récurrence des incendies (Pereira et al. 2021, Taboada et al. 2021, Moghli et al 2022). Dans quelle mesure cet impact varie en fonction de la récurrence des feux et de la stratégie d’adaptation des espèces reste cependant largement à déterminer. De récents travaux théoriques suggèrent que dans les écosystèmes dominés par les semenciers, les SE se rétablissent progressivement pour retrouver 90 % de leur capacité après un incendie de forte intensité, contrairement aux systèmes dominés par les espèces rejetant après incendie qui se rétablissent plus rapidement pour le même type de perturbation e (Roche et al. 2024). Ces tendances restent cependant à valider à l’aide de données empiriques. Cette thèse propose ainsi d’investiguer dans quelle mesure la récurrence des feux et la stratégie d’adaptation au feu des espèces dominantes affecte la dynamique de résilience des peuplements méditerranéens à la fois en terme de démographie et au niveau des services écosystémiques rendus.
Hypothèses principales
La résilience en terme de densité d’arbre, de croissance en hauteur du peuplement, et de services écosystémiques est plus rapide chez les espèces à régénération végétative et plus lente chez les espèces résistantes. Quelle que soit la stratégie d’adaptation au feu, la résilience tend à diminuer lorsque la récurrence des feux est plus importante que le temps depuis le dernier feu.
Étapes de travail envisagées et objectifs
Le travail proposé se basera principalement sur la base de données des feux géoréférencés de l’ONF. On priorisera les étapes suivantes :
Détails de l'offre : Type de contrat : CDD de 3 ans à partir du 01/09/2025 Rémunération : 2200€ brut par mois Vous bénéficierez également :
Environnement de travail : Au sein du centre INRAE d'Aix-en-Provence, vous serez accueillis à l'UMR RECOVER, une unité centrée sur le fonctionnement des écosystèmes et les risques naturels. Vous serez intégrés dans l'équipe EMR qui travaille sur des thématiques d'écologie du feu, d'écologie forestière, mais également en télédétection et sur les services écosystémiques. La thèse sera dirigée par Anne Ganteaume et co-encadrée par Julien Barrere.
Pour toute question sur le poste ou pour postuler, envoyez vos CV et lettres de motivations à anne.ganteaume@inrae.fr et julien.barrere@inrae.fr L'offre reste ouverte tant qu'elle n'a pas été pourvue.
Formations et compétences recherchées
Diplôme de M2 en écologie ou école d’ingénieur dans le domaine des sciences de l’environnement.
Principales compétences attendues ou à développer :
Ecologie végétale et/ou écologie du feu
Utilisation des SIG (ArcGis, QGis)
Dynamique des populations
Programmation : maîtrise a minima d’un langage informatique (de préférence R ou Python)
Analyses statistiques
Communication écrite et orale en anglais et idéalement en français (la thèse reste ouverte aux candidats étrangers non francophones)
Une connaissance du milieu méditerranéen serait appréciée
Aptitudes recherchées :
Motivation pour le travail de terrain
Autonomie et prise d’initiative